Exposition
13 sept au 26 oct 2003
Vernissage
13 sept 2003, 13h
Rencontre avec l'artiste
28 sept 2003, 14h
Depuis la fin des années quatre-vingt, Angèle Verret pratique un art qui emprunte à la photographie et à la peinture. Œuvres picturales faites à partir de photographies, intégration des deux disciplines et réflexion sur la spécificité de chacune d'elles jalonnent son parcours. Dans sa production récente, elle interroge le photographique à partir de moyens picturaux. Elle y explore les effets de flou, de bougé, de brouillage et de finis mats ou lustrés. Elle accorde également une grande importance aux densités lumineuses ainsi qu'au rapport qu'entretient la photographie avec la mémoire et le temps. Paradoxalement, c'est en jouant avec les paramètres associés habituellement à la photographie qu'elle réussit à questionner avec acuité la matérialité de la peinture.
Pour l'exposition Co_ïncidence, Angèle Verret propose près d'une quinzaine de peintures récentes. Elles ont été réalisées par une accumulation de strates qui couvrent l'entièreté de la surface. Ces différentes couches résultent de traces laissées par la préparation du support, de gestes involontaires ou encore d'interventions accidentelles. En acceptant ainsi les imprévus, l'artiste opte pour une démarche qui n'est pas sans rappeler l'automatisme. Plutôt que de travailler de façon délibérée sur le sens, elle se laisse guider par la matière et permet à son esprit de vagabonder. C'est de cette errance qu'émergent la structure et la signification de l'œuvre, signification qui lui échapperait autrement. Les tableaux exposés à Plein sud sont troublants et jouent sur cette ambiguïté de la perception. Au premier coup d'œil, l'on pourrait croire qu'ils sont quasi monochromes, mais un second regard permet de discerner une multitude de couleurs qu'il est difficile toutefois de nommer. De même, les surfaces semblent richement texturées, alors qu'en fait elles sont lisses. Perplexe, le visiteur s'approche et aiguise son regard. Est-ce une peinture? Une photographie? Est-ce une œuvre abstraite? La représentation d'un paysage lunaire? Le détail d'un bout de peau? La carte d'un territoire imaginaire? Nous sommes dans la sphère du presque rien, de l'entre-deux : entre matérialité et immatérialité, abstraction et figuration, peinture et photographie. D'une terrible efficacité, tout l'art d'Angèle Verret semble tenir dans cet espace du doute.
— Sylvie Pelletier
Consulter également Le photographique comme langue seconde, conférence prononcée par Angèle Verret le 13 septembre 2003