Exposition
6 nov au 16 déc 2007
Vernissage
6 nov 2023, 19h
Dans l'exposition Des discussions portant sur les détails, Sophie Privé propose une dizaine de tableaux qui mettent en scène des conversations entre amis. De facture intimiste, les œuvres semblent les témoins de petites tranches de vie en apparence anodines.
Sur certaines toiles, un seul personnage frontal s'impose. L'échelle humaine et la position du protagoniste donnent alors l'impression que celui-ci s'adresse directement au spectateur. Ailleurs, plusieurs individus animent la surface et discutent entre eux ou encore avec un interlocuteur hors champ. Mais, dans tous les cas, l'artiste utilise des stratégies pour introduire la notion de durée et ainsi rendre possible un parcours narratif. Par exemple, des tableaux présentés en séquence montrent le même personnage dans une pose légèrement différente chaque fois, comme si divers états de la discussion avaient été saisis. Dans d'autres images, des effets de décalage, de répétition et d'estompage contribuent à inscrire les portraits dans le temps. C'est à partir de ces indices ainsi que des expressions faciales et du langage gestuel que le visiteur pourra imaginer, à son gré, des répliques, des réparties, des histoires...
Les scènes qui figurent dans les œuvres de Sophie Privé n'ont pas l'air d'avoir été savamment élaborées. Elles traduisent plutôt la fraîcheur et la maladresse de moments saisis sur le vif. Pour arriver à ce résultat, l'artiste combine habilement la photographie, le dessin et la peinture. Il y a d'abord la prise de vue des sujets en action. Puis, à partir de la projection de la photographie, elle esquisse les personnages et quelques rares éléments de décor. Enfin, la peinture intervient. En exploitant ses qualités — couleur, transparence, opacité, brillance, texture, etc. —, Sophie Privé crée des fonds abstraits qui s'opposent à des pans de toile laissés vierges ainsi qu'à la fluidité des lignes dessinées. Ce métissage de disciplines et de techniques confère aux œuvres un aspect non fini qui peut être lu comme une métaphore de la fugacité et de la fragilité des instants représentés.
— Sylvie Pelletier