Exposition
15 janv au 27 févr 2005
Vernissage
15 janv 2022, 13h
Depuis plusieurs années, Claire Lemay se passionne pour la gravure sur bois et pour son histoire. Dans une série récente, Les témoins, elle intégrait à ses estampes les premières images religieuses diffusées au XVe siècle à l'aide de cette technique. L'exposition qu'elle présente à Plein sud, Les annales de la cour, constitue en fait le pendant profane de cette recherche. Pour ce projet, l'artiste a puisé son inspiration dans la riche histoire de la carte à jouer dont la production à grande échelle a été rendue possible grâce à la xylographie.
L'exposition Les annales de la cour est composée de deux ensembles de douze estampes chacun. Les linogravures du premier réfèrent aux figures de tête du cartier français Hector de Trois, actif au milieu du XVIIe siècle, alors que les gravures sur bois du second reprennent les motifs développés par le cartier Grimaud au XIXe siècle. Il se dégage de ces deux productions un respect du métier, une grande maîtrise technique et une fidélité pour l'iconographie de la carte à jouer, iconographie qui est demeurée d'ailleurs quasi inchangée au fil du temps. Cependant, cet attachement à une tradition séculaire n'empêche pas Claire Lemay d'engager son travail dans une démarche résolument contemporaine, notamment par les choix de support et de mise en espace qu'elle opère. Tout d'abord, les estampes sont présentées sur de la gossamer, une fibre industrielle dont la souplesse et la transparence rappellent un fin papier japonais. Rectangulaires et de grandes dimensions, ces estampes sont suspendues et font penser à des oriflammes. Blanches ou crème, imprimées ton sur ton, elles se font légères, presque immatérielles et déjouent en ce sens l'idée de rigidité que l'on associe habituellement à la gravure sur bois. Claire Lemay prend également ses distances avec une présentation conventionnelle de la gravure en privilégiant un rapport à l'espace qui l'amène du côté de la sculpture. Les bannières se déploient dans la salle d'exposition, engagent un dialogue avec l'architecture du lieu, montrent le recto et le verso des estampes et invitent le visiteur à circuler entre celles-ci. Pour compléter la mise en exposition, l'artiste présente les plaques qui ont servi à l'impression des deux ensembles de gravures. Ces bas-reliefs constituent un rappel de plus à l'univers sculptural et suggèrent au visiteur le trajet parcouru entre le travail du ciseau ou de la toupie dans la matière et l'image finale, le trajet parcouru entre le passé et le présent.
— Sylvie Pelletier