Exposition
14 janv au 26 févr 2006
Vernissage
14 janv 2006, 13h
Rencontre avec l'artiste
14 janv 2006, 13h
Avec la participation de Martine Viale
Depuis une quinzaine d'années, Stéphanie Béliveau sonde le caractère tragique de la condition humaine par le biais d'un langage pictural des plus dépouillés : utilisation limitée de la couleur, intégration de matériaux pauvres et création de formes sombres sur des fonds blancs. Pour son exposition à Plein sud, l'artiste a ressenti le besoin de prendre du recul et de poser un regard particulier sur ce travail. L'installation Autour de ma peinture s'articule donc à partir de trois éléments fondateurs de sa pratique, soit la matière première, le dessin et le corps précaire.
Tout d'abord, la matière première. Autour de la colonne de la salle d'exposition, toutes sortes d'objets ramassés, conservés et parfois transformés par l'artiste s'amoncellent. Suspendus ou posés sur le sol, pinceaux souillés, raquettes rafistolées, clous rouillés, ancien panier de pêche, tête d'animal naturalisé, chaise tressée de branches et boîte de carton convertie en abri forment un fouillis apparent. Pourtant, ce regroupement d'objets est fort cohérent sur le plan formel et symbolique. Il peut être considéré comme métaphore de l'atelier, lieu de travail, de réflexion et univers de création. Les dessins, quant à eux, constituent le second pôle de l'installation et se présentent en bandes horizontales sur deux murs de la salle d'exposition. Réalisés au charbon et intégrant le collage, ils sont inspirés, pour la plupart, d'images vues dans les médias. Différentes figures et formes — soldat, enfant africain, usine, chien, croix — défilent sous nos yeux et évoquent les grandeurs et les misères humaines. Enfin, Stéphanie Béliveau a invité la performeuse Martine Viale afin d'incarner le troisième élément, soit le corps précaire. à quelques reprises durant l'exposition, Martine Viale réalisera une performance axée sur la lenteur du mouvement qui se terminera par la réalisation d'une marque graphique qui deviendra une nouvelle composante de l'installation.
Si la condition humaine est au centre des préoccupations de Stéphanie Béliveau, le rapport au temps, qui lui est inévitablement associé, est une ligne de force de cette exposition. Les objets, qui gardent la mémoire de leur usage et de leur usure, en témoignent. De même, les dessins révèlent leur processus de production, donc leur temps de création : repentirs, coulées de colle, ombre des caches, etc. Et la performance, cet art du temps par excellence, inscrit la fragilité du corps et l'importance de laisser une trace dans un monde fugace. Par ses différents chemins, Stéphanie Béliveau invite ainsi le visiteur à plonger au cœur de sa démarche artistique.
— Sylvie Pelletier